
Racisme dans les stades de football : entre honte et silence
"Nous sommes en 2019 et au lieu d'avancer, nous reculons", telle était la réaction de Lukaku aux cris racistes dont il a été victime dimanche dernier.
"Nous sommes en 2019 et au lieu d'avancer, nous reculons", telle était la réaction de Lukaku aux cris racistes dont il a été victime dimanche dernier, par des supporters italiens.
Face à la tare, nous nous retrouvons souvent réconfortés quand c'est pire ailleurs. Mais l'Italie, ce beau pays européen, avec des indices économiques plus satisfaisants que les nôtres. Ce pays qui a nourri les mythes et les fables les plus glorieux de l'Histoire et de l'architecture, bref, là où rien ne manque pour un minimum de civisme. Et là où nous nous attendions à mieux, nous nous retrouvons béats par ce torrent de racisme, dans cette époque où nous pensions que tout cela était loin derrière nous.
Bien que les supporters soient un atout, il n'y a pas de quoi être fiers quand nous sommes associés, en tant qu' équipe, à un public raciste, puisqu'en règle générale, le public s'empreigne des valeurs que lui transmet cette dernière.
Ce qui est désolant surtout, c'est que malgré avoir été placé en position de faiblesse, c'est bien Lukaku qui a dû prendre les devants pour appeler à "s'unir contre le racisme". La réalité est que malheureusement, le privilège des blancs prime sur la forme. Ces supporters italiens auraient mieux retenu une brimade si elle leur avait été infligée par "les joueurs blancs", réalité moche, mais réalité quand même. Dans des cas pareils, la neutralité est un injuste faux pas. Quand nous ne prenons pas le coté des oppressés, nous encourageons silencieusement l'oppresseur.
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Au Maroc, il semblerait que nous ne soyons guère meilleurs. Preuve en est les différents épisodes racistes dont font l'objet plusieurs joueurs africains. Notamment Thiyoune Ousseynou, exerçant au sein de l'Ittihad de Tanger, qui a failli à plusieurs reprises quitter la pelouse à cause de propos racistes qui lui ont été infligés par le public. Dans le meilleur des mondes, cet incident aurait poussé la FRMF à prendre des mesures à l'encontre des supporters. Au Maroc, silence radio.
Esclavage, ségrégation, apartheid, toutes sont des séquelles qui sont là, et que nous ressentons toujours dans le combat quotidien de ceux qui bataillent chaque jour encore, au 21ème siècle, contre les préjugés, les stéréotypes, et la discrimination raciale, que ce soit dans le travail, les études, et là, dans le sport.
Le football, en tant que sport le plus médiatisé mais encore plus en tant que véritable moteur d'esprit d'équipe, porte la responsabilité d'unir dans le respect. Sinon, autant qu'il n'ait pas à exister.