Activisme et sport : un point de convergence ?

Le sportif doit-il rester neutre ou au contraire profiter de sa notoriété pour revendiquer certaines causes ? C’est la question qui se pose.

16 octobre 1968, aux Jeux Olympiques de Mexico. Sur le podium, deux athlètes afro-américains, Tommie Smith (1er) et John Carlos (3e) lèvent leur poing ganté de noir pendant leur hymne national afin de protester contre la situation des Noirs aux États-Unis. Suite à cela, le Los Angeles Times les compare à Hitler, le comité olympique américain les contraint à rendre leur médaille et, à leur retour aux États-Unis, ils sont traités en parias. Cela n’empêche, le cliché pris au moment des faits devient un des plus mythiques de l’histoire de sport.

En 2012, suite à l’affaire Trayvon Martin, un Afro-américain de 17 ans tué par balles, LeBron James, fait poser son équipe du Miami Heat en hoodie, le sweat-shirt à capuche qui aurait effrayé l’agresseur de l’adolescent, George Zimmerman. En 2014 encore, des joueurs de la NBA notamment Derrick Rose et Kobe Bryant s'affichent portant un t-shirt "I can't breathe" avant un match, en référence à Eric Garner, un Américain noir mort étranglé lors d’une interpellation très musclée par la police, le 17 juillet de la même année à New York.

En 2016, Colin Kaepernick, joueur de football américain des 49ers de San Francisco, a lancé un mouvement de protestation anti-raciste en s'assaillant, puis en s'agenouillant pendant l'hymne américain. Ce qui lui valu de devenir indépendant l’année d’après puisqu’aucune équipe ne lui a proposé de contrat.

Plus récemment, en raison de la pandémie du covid-19, de nombreux sportifs se sont mobilisés afin d’encourager la population à respecter les règles sanitaires liées au virus, mais aussi à aider les personnes dans le besoin.

Des actions différentes, mais qui remettent toutes sur le tapis un sujet vieux comme le monde et surtout controversé : l’activisme sportif. Entre ceux qui prônent une neutralité et d’autres qui au contraire pensent que l’influence des sportifs doit être exploitée pour la bonne cause. Le débat bat son plein.

Pourtant, si l’on vient à analyser le sujet d’un œil un peu neutre, les deux camps ont raison. Du côté des défenseurs de la neutralité, deux points sont à mettre en avant. Le premier c'est que le sportif n’est pas indépendant. Il dépend d’une équipe, d’une ville, d’un pays. Par conséquent, c’est l’image de ces derniers qu’il représente. Le moindre "faux pas" peut avoir de graves conséquences. Le deuxième point est celui du gain financier. Un athlète fait partie d'une équipe, ou du moins dépend de certaines entreprises ou franchises, qui sont principalement motivées par un but lucratif. Des revendications politiques ou autres peuvent venir entraver cet objectif en créant des conflits. 

De l'autre côté, les opposants ont aussi des arguments plausibles. Le sportif ne peut être réduit à une simple image. C’est avant tout une personne avec des avis, des valeurs et des principes qui peuvent, et doivent parfois, être explicités. Il a le droit se révolter, de s'affirmer et de dire ce qu'il pense. À cela s'ajoute un élément important : la notoriété. Le sportif est la personne la mieux placée pour contester. Sa popularité fait qu'il dispose d'une grande influence et visibilité. Par conséquent, ses propos ont plus de portée qu'un citoyen lambda. S'il vient à s'engager, il peut contribuer à un réel changement. 

Toutefois, ce problème de neutralité revient surtout au niveau de sujets controversées. En effet, quand il s'agit de "causes universelles" comme le covid-19 ou encore la scolarisation des enfants, la question ne se pose pas. Au contraire, ce genre de militantisme est très bien accueilli. Par contre, si l'on vient à parler de racisme ou de libertés individuelles, la situation devient plus sensible et peut créer des problèmes à grande échelle, pas seulement pour le sportif. Et si certains arrivent à s’en sortir en restant subtiles, pour d'autres, il faut faire faire un choix. Militantisme ou carrière ? 

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