
JO de Tokyo : pourquoi des athlètes marocains seront-ils privés de leurs entraîneurs ?
Les athlètes marocains qualifiés pour les Jeux Olympiques et obligés de s’y rendre sans leurs entraîneurs, c’est le sujet phare de la semaine au sein de la sphère sportive. Pourquoi une telle décision surtout à quelques semaines des JO ? On a essayé de comprendre.
C’est une nouvelle qui en a choqué plus d’un. Alors que l’heure est aux préparations pour les athlètes qualifiés pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020, au Maroc, c’est une toute autre histoire. Récemment, certains athlètes marocains ont été surpris d’apprendre que leurs entraîneurs étaient « disqualifiés » de la grande messe olympique. Autrement dit, qu’ils ne pourront pas les accompagner aux JO, et ce, pour des raisons inconnues.
Pourtant, il y a quelques semaines rien n’augurait d’une telle décision. Les athlètes n’ont appris la nouvelle qu’il y a quelques jours. Partagés entre choc et incompréhension, beaucoup se sont exprimés sur le sujet. Chose qui a soulevé un tollé au sein de la communauté sportive. Asma Niang fait partie des athlètes concernés par ce changement. N’ayant appris la nouvelle que ce mardi, la judokate franco-marocaine se dit être « triste » de cette nouvelle jugée « injuste ». « Je trouve que cette décision est injuste pour moi car je suis dans le top 18 mondial. Je libère le quota africain pour qu’un autre athlète marocain puisse partir aux JO. Mais je me retrouve sans coach. J’ai essayé de parler au président. Je sais qu’il veut me mettre dans de bonnes conditions. Mais, pour l’instant je ne connais vraiment pas la raison derrière tout ça », nous déclare-t-elle. Et alors que beaucoup imputent la responsabilité aux fédérations et au CNOM, Niang, quant à elle, préfère n’accuser personne. « Pour moi, le CNOM et la fédération font partie de ma team et je veux qu’ils m'aident jusqu’au bout à trouver des solutions pour être dans les meilleures conditions. Je ne veux pas créer une guerre, mais justement ramener la paix », affirme-t-elle. Même si jusqu’à présent aucune solution ne se profile, la judokate reste quand même concentrée sur ses objectifs. « On attend pour l'instant qu’ils trouvent une solution, je l’espère. De toute façon, je serai quand même concentrée jusqu’au bout. Si mon coach ne vient pas je monterai seule sur ce tapis », assure-t-elle.
La volonté et la détermination dont fait preuve Asma Niang ne sont pas valables pour tout le monde. Priver les athlètes des entraîneurs qui les ont accompagnés pour leur qualification et à quelques semaines de la messe olympique peut avoir d’importantes répercussions aussi bien sur le mental que sur les performances.
Pour comprendre les soubassements de cette décision, nous sommes donc allés chercher du côté des fédérations. Si pour certains c'est lié à des considérations financières, pour d’autres à une insouciance des instances responsables, il s’est avéré que les raisons étaient tout autre. Réduire le nombre d'entraîneurs ne serait pas un choix, mais une obligation imposée par Tokyo à cause de la situation sanitaire. L’objectif serait d'avoir le moins de personnes possibles dans le village olympique. C’est ce que nous a expliqué Khalid El Boussiri responsable des équipes nationales à la Fédération Royale Marocaine de Judo et Arts Martiaux Assimilés : « Ce n’est la décision ni du CNOM, ni de notre fédération. Cela vient de Tokyo qui souhaite réduire le nombre de personnes présentes. Ils ont imposé un quota. C’est-à-dire que pour deux personnes qualifiées, il ne doit pas y avoir plus d’un coach ». Concernant le cas d’Asma Niang, le responsable évoque la particularité de sa situation. « Il faut savoir que nos deux qualifiées, Asma Niang et Soumia Iraoui, ont deux coachs différents. Maintenant le problème est que l’entraîneuse de Soumia Iraoui, Hanane Kerroumi, suit l’équipe féminine depuis 5 ans. C’est en quelque sorte l’officielle. Alors que Safouane Attaf, l'entraîneur d’Asma Niang, a été spécialement engagé pour elle. Le CNOM nous a donc dit que ce serait Kerroumi qui devrait partir », nous explique-t-il.
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Si pour l'instant les choses sont compliquées, rien n’est encore joué. En effet, aucune décision officielle n’a encore été prise. La fédération ainsi que le CNOM œuvrent toujours pour permettre aux deux entraîneurs d’accompagner leurs athlètes. « Si c’était à notre niveau, on aurait pris en charge l’autre coach. En tant que fédération on aimerait bien que les deux partent. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. Ils vont dans un village olympique où c’est vraiment fermé. Seules des personnes bien définies sur une liste bien définie seront autorisées à entrer. Notre fédération ne maitrise rien. C'est le CNOM qui gère avec le comité olympique japonais. D’ailleurs, même le CNOM fait des efforts pour que les deux coachs puissent partir. En discutant avec un responsable au sein de l’instance, j’ai appris qu’ils allaient écrire aux Japonais pour leur demander d’accepter un deuxième entraîneur. Après, le dernier mot revient aux Japonais », conclut Khalid El Boussiri.
À préciser toutefois que cette décision n’a pas été imposée à la Fédération Royale Marocaine de Judo et Arts Martiaux Assimilés uniquement. Nombreux sont les sports et les sportifs concernés. Et si d’un côté ce choix semble nécessaire et logique en cette période de crise sanitaire, de l’autre, il peut être perçu comme une injustice pour les sportifs privés de leurs entraîneurs. L'idéal serait donc que les instances nationales et internationales puissent trouver un terrain d’entente pour maintenir la stabilité de la situation sanitaire lors des JO, tout en permettant aux sportifs de participer à la compétition dans les meilleures conditions possibles.
Légende image principale: sortiraparis.com