Le sport en Grèce : un prestige remis en cause par la crise et l'hésitation des institutions

Le sport en Grèce : un prestige remis en cause par la crise et l'hésitation des institutions

Historiquement, les Jeux et de nombreuses pratiques nous viennent de Grèce. À ce titre, le pays est encore aujourd'hui mis à l'honneur lors des cérémonies d'ouverture des olympiades. Cependant, sur le terrain, les délégations peinent à reprendre le flambeau de leurs illustres ancêtres.

Récemment, la Grèce s'est rarement signalée lors des compétitions internationales. Il y a bien eu la victoire à l'Euro en 2004 ou le succès continental des basketteurs en 1987. On trouve aussi quelques exploits dans d'autres disciplines comme le water-polo ou le volley dans les années 1980, 1990. Mais plus largement depuis 1896, le pays a décroché seulement 33 médailles d'or olympiques. Alors comment expliquer un bilan aussi faible alors que tant de pratiques sont nées au sein même de cette civilisation ? 

Première explication, la Grèce a beaucoup souffert de la crise économique. Indirectement, le sport semble d'ailleurs y avoir contribué. Ainsi, au tournant des années 2000, le pays rêve de nouveaux JO. Les instances obtiennent ceux de 2004. Les travaux impliquent des sommes colossales. Or, les retombées sont moins importantes que prévues. Puis, la crise a mis en lumière cet argent public manquant. Et le sport a été impacté. Des infrastructures ont été abandonnées. Les fédérations ont vu leurs subventions diminuer. En 2012, elles ont même chuté de 80%. Les athlètes se sont retrouvés en difficulté. Par exemple, lors des mondiaux de tennis de table 2014, les pongistes ont dû avancer 23 000 euros pour aller au Japon. Certains ont donc choisi l'exil, d'autres d'arrêter leur carrière prématurément. 

Néanmoins, les résultats étaient déjà décevants bien avant la crise. Une autre raison se trouve peut-être dans les institutions. Ainsi, la première structure s'occupant du sport apparaît en 1971. Il s'agit du ministère de la Culture et des Sciences. En 1985, il est rebaptisé ministère de la Culture. L'institution est ensuite associée au tourisme en 2009. Puis, une autre combinaison associant éducation, religions, culture et sport est tentée. Finalement, un organe au nom de ces deux derniers domaines est crée fin 2013 (malgré un bref retour de la religion en 2015). Ainsi, le sport a longtemps souffert d'instabilité, de la considération écrasante pour les vestiges du passé, d'un mélange avec d'autres secteurs d'activités. Il a souvent manqué de place, ne serait-ce que dans la dénomination des ministères. 

Pourtant, les résultats de la Grèce ont connu un rebond à une époque avec 16 victoires olympiques entre 1992 et 2004. Une amélioration intervenue au cours d'une période durant laquelle le sport était probablement davantage pris en compte, ne partageant son bureau qu'avec la culture. Alors oui, le raccourci est sans doute un peu rapide. Pourtant, une situation similaire a été rétablie en 2013. 36 mois après, le pays décrochait trois médailles d'or à Rio. De plus, en quelques années, plusieurs athlètes ont émergé, parfois dans des disciplines inhabituelles. Par exemple, il y a peu, le tennisman Tistsipas est devenu le premier Grec à intégrer le top 100 mondial. Ánna Korakáki elle, s'est forgée un palmarès impressionnant en tir. Peut-être n'est-ce qu'une coincidence. Mais les signes positifs sont apparus à chaque fois dans les mêmes circonstances.

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Plusieurs enseignements semblent donc pouvoir être tirés du cas grec. Ainsi, le domaine sportif ne peut se contenter d'une place secondaire. Il demande une implication constante et entière. Mais mis dans les bonnes conditions, il permet très vite de (re)trouver la lumière. 

Légende image principale: Tsitsipas, la nouvelle coqueluche du sport grec (Source : www.agonasport.com)

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