
On en est où du #MeToo dans le sport ?
Véritable fléau, le harcèlement sexuel pollue tous les domaines. Dans le sport en particulier, plusieurs affaires récentes l'ont remis dans l'actualité.
Depuis 2017 avec l'affaire Weinstein, le mouvement #MeToo a révélé au grand jour plus affaires de harcèlement sexuel. Dans le milieu sportif, plusieurs athlètes ont décidé de sortir de l'ombre pour annoncer les abus sexuels desquels ils ont été victimes. Ce qui a créé de nombreux scandales. En 2018, Larry Nassar, ex-médecin de l'équipe américaine de gymnastique, a été arrêté après avoir agressé sexuellement au moins 265 jeunes femmes, majoritairement des ex-gymnastes, pendant vingt ans. Larry Nassar se livrait à des attouchements et à des agressions sexuelles systématiques, prétextant des massages pour soigner des blessures. La même année, deux entraîneurs de Créteil et de Fontainebleau ont été mis en cause par de jeunes athlètes, l'un pour harcèlement, l'autre pour viol. Et plus récemment, en février 2020, L’Équipe publie une enquête sur les violences sexuelles et le harcèlement moral sur des jeunes athlètes mineures dans les années 70 et 80 dans le milieu du patinage artistique mais aussi de la natation. Hélène Godard, ex-espoir du patinage français, cite notamment son entraîneur de l’époque, Gilles Beyer et affirme que celui-ci a eu deux relations sexuelles avec elle, alors âgée de 14 et 15 ans. Ce même nom est évoqué dans le livre de la championne de patinage artistique, Sarah Abitbol, intitulé Un si long silence où elle accuse ce même entraîneur.
Le Maroc aussi n'y échappe pas. Il y a quelques jours, des boxeuses de l’équipe nationale marocaine ont accusé leur entraîneur de harcèlement sexuel répété. Celui-ci les aurait contraintes à se dénuder pour la pesée qu’elles devaient effectuer dans sa chambre. L'entraineur justifiait le déshabillement complet des boxeuses par sa volonté de vérifier leur véritable poids ainsi que leur musculature. Une enquête a été ouverte mais a finalement abouti au licenciement de deux boxeuses alors que l'entraineur officie toujours.
Des parcours différents, des disciplines différentes, des pays différents, mais le même problème : le harcèlement sexuel. En 2009, 11,2% des sportifs interrogés lors d'une étude réalisée en France ont déclaré avoir subi des atteintes ou violences sexuelles, soit presque deux fois plus que la population totale. Un constat qui donne froid au dos, mais qui reste souvent réduit au silence.
En effet, dans un milieu où règne la loi de l'omerta, parler de sujets comme le harcèlement sexuel se révèle être tabou et très compromettant pour la victime. Dans la plupart du temps, le sportif ou la sportive est obligée de garder le silence car dans ce milieu l'ordre est important et rien ne doit perturber celui-ci. La souffrance quotidienne "intériorisée" est également un des facteurs. Comme l'explique Véronique Lebar, présidente du Comité éthique et sport : "La souffrance fait partie de l'entraînement. Si on n'atteint pas la douleur, c'est qu'on ne s'est pas bien entraîné. Le gagnant, par définition, c'est celui qui n'est pas la victime. Si on brise l'omerta et qu'on dévoile ce qui nous est arrivé, on pense qu'on se met en dehors du monde du sport puisqu'on se victimise.". Sans oublier la pression du système. La plupart des victimes ont peur des répercussions que leur propos peuvent avoir sur leur carrière. De ce fait, ils préfèrent subir et garder le silence, car, si l'on veut briller, il faut éviter les scandales et se taire, sinon le siège éjectable vous attend.
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