
Uruguay, symbole de collaboration et de stabilité
En Uruguay, le football dépasse le cadre du sport. Ainsi, cette discipline fait partie intégrante de la société depuis la fin du 19ème siècle. Après plus de 100 ans d'existence, les performances de la sélection apparaissent comme un miracle pour cette petite nation d'Amérique du Sud.
En effet, malgré les géants brésiliens et argentins, La Celeste dispose du plus beau palmarès du continent avec deux titres aux JO (1924, 1928), deux Coupe du monde (1930, 1950) et 15 Copa América. Des succès construits en utilisant les bienfaits de l'immigration ou en facilitant très tôt l'accès au football avec l'Organización del Fútbol del Interior créée en 1946. Cependant, à partir de 1970, la football national connaît des difficultés. Pourtant, aujourd'hui, ce dernier est de retour sur le devant de la scène. Pour mieux comprendre, il convient de s'intéresser au travail d'Oscar Tabarez. Cet homme a révolutionné l'approche local du ballon rond. Après son arrivée en 2006 au poste d'entraîneur, El Maestro s'est acharné à professionnaliser la discipline en plaçant des hommes compétents à tous les niveaux. Le coach a aussi décidé de superviser lui-même la formation des jeunes dès les U15. Il a construit un véritable projet. Pour preuve, cette dynamique a été étendue à l'ensemble des clubs. Permettant à ce sport de s'institutionnaliser en profondeur, des entraînements jusqu'au marketing.
Avant la gloire, les méthodes de Tabarez ont essuyé les critiques dans ce pays où le football est une religion. Mais, les instances ont laissé travailler leur entraîneur sur la durée sans céder aux passions et autres pressions appelant à des succès immédiats. Et finalement, l'Uruguay est revenue à un très bon niveau de formation et de performance. En témoignent, sa demi-finale lors de la CDM 2010, puis ses deux autres qualifications pour cette même compétition, ou le succès lors de la Copa America 2011. Depuis 1970, il s'agit des meilleurs résultats de la sélection. De leur côté, les autorités sont également intervenues, mais davantage dans l'extra-sportif. Par exemple, en 2018, le ministre de l'Éducation avait supprimé les cours afin que les élèves puissent suivre les rencontres de La Celeste lors du mondial Russe.
Mais en dehors de la discipline reine, qu'en est-il des performances ? Le bilan est pauvre avec seulement dix médailles olympiques. Néanmoins, le pays semble montrer des améliorations. Un Secrétaire national des sports a été créé en 2015, donnant plus d'autonomie à un domaine jusqu'alors lié au tourisme. Depuis, des structures ont été construites pour le basket, le rugby, la lutte. Les premiers effets semblent même visibles. Ainsi, lors de la dernière fête du ballon ovale, l'Uruguay a réussi l'exploit de battre les Fidji. Cependant, les résultats sont peut-être encore trop isolés pour tirer des conclusions.
En revanche, l'exemple du football, livre à lui seul des enseignements importants. Actuellement, le sport est régi par la culture de l'instant. Un enchaînement de mauvais résultats peut rapidement mener à des pressions et des bouleversements au niveau des fédérations ou des staffs techniques. À l'inverse, le maintien du Maestro est un éloge et une victoire de la stabilité. Ainsi, du temps, une collaboration, un effort intense des clubs et des instances auront été nécessaires. Mais avec cette patiente, cette persévérance Tabarez et son équipe sont parvenus à renouer avec un glorieux passé et à construire un vrai projet. Une source d'inspiration pour toute ambition sportive à l'échelle mondiale.
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Légende image principale: Óscar Tabárez, El Maestro (Source : www.lucarne-opposée.fr)