Yassine Rachik, le spécialiste italo-marocain des courses de fond

Yassine Rachik, le spécialiste italo-marocain des courses de fond

Né le 11 juin 1993 à Aïn Sebaâ au Maroc, Yassine Rachik a émigré vers l'Italie en 2004. Il y rejoignait alors son père, parti en Europe pour gagner sa vie. Attiré par le karaté et la course, il a progressivement témoigné de son potentiel pour les épreuves de fond.

Dans sa jeunesse, l'athlète impressionne par sa polyvalence. À 21 ans, ce dernier compte déjà 26 titres remportés dans sept spécialités différentes. Cependant, le coureur n'est pas officiellement Italien. Il peut concourir aux épreuves nationales, mais n'est pas autorisé à participer aux événements internationaux. Néanmoins, les choses vont évoluer rapidement grâce à Khalid Chaouki un député local d'origine ... marocaine. Avec la population, ils lancent une pétition. Ainsi, le #Yassine4Italy réunit près de 22 000 signatures. Cela entraîne une réaction des hautes instances dont le Président, Sergio Mattarella. En quelques jours, les papiers sont signés. Trois semaines plus tard, Yassine Rachik obtenait le bronze sur les 10 000 mètres des championnats d'Europe des U23. Puis, en 2018, il confirmait chez les seniors en décrochant la troisième place du marathon des échéances continentales. Un chrono qui permit à son pays de remporter le classement par équipe de cette même épreuve. 

Ce dossier n'est pas isolé. En effet, plusieurs sportifs issus de l'athlétisme marocain ont rejoint l'Italie. On citera l'exemple de Fatna Maraoui. Plus largement, depuis plusieurs années cette discipline est en difficulté. De nombreux représentants ont préféré exercer leur passion en Europe ou dans certains pays du Golfe. Pour autant, le cas du natif d'Aïn Sebaâ semble particulier. Ce dernier a choisi son pays d'adoption alors même que les conditions pour obtenir sa nouvelle nationalité n'étaient pas des plus faciles. Mais l'action conjointe de la population et des autorités a joué un rôle capital. 

Cette situation amène à deux constats. Le premier implique les instances sportives. Malheureusement, certains athlètes échappent à leur vigilance. La deuxième observation concerne la pétition. Elle invite pourquoi pas à débattre de la place de la société. Celle-ci est peut-être sous-estimée. Notamment en amont des compétitions ou en dehors des stades. Ainsi, le fait d'informer les Italiens et leur réactivité pour pousser à la naturalisation du jeune champion ont probablement été décisifs. Cela doit servir d'exemple. Il existe partout dans le monde des Marocains talentueux dans des disciplines très diverses. Cependant, ces derniers sont souvent inconnus. La population devrait pouvoir suivre au plus près leurs situations afin d'être en mesure d'intervenir et de témoigner de son intérêt, de sa ferveur pour ces binationaux exilés. Cela pourrait permettre de les convaincre de la nécessité de revenir. Donnant enfin au pays un rayonnement sportif équivalent à son potentiel. 

Ainsi les instances semblent avoir tout intérêt à s'appuyer sur la société marocaine. Dans tous les cas, au regard de l'exemple de Yassine Rachik, le potentiel du pays, notamment dans l'athlétisme, n'a pas disparu. Il est juste enfoui et disséminé. Reste désormais à le retrouver et à favoriser ensemble sa mise en valeur. 
 

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Légende image principale: Yassine Rachik fait aujourd'hui la fierté de l'Italie (Source : www.bergamonews.it)

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